Le phare de l'Enfant Perdu.
Une autre réalisation du bagne, sous le Gouvernement de Tardy de Montravel
Il est très malaisé d'accéder à la rade de Cayenne, du fait des "battures" (lignes de brisants), des innombrables bancs de vase dans lesquels les bateaux de toute taille s'échouent sans recours et des divers îlets. La construction d'un phare était donc indispensable,et une corvée de forçats s'y attela dans des conditions terrifiantes : la mer est presque toujours démontée, et l'accostage sur ce récif des plus aléatoires. Il fallut deux années pour venir à bout de ce chantier.
Le phare fut ensuite tenu par des équipes composées de deux ou trois transportés, souvent des condamnés à mort grâciés. En effet, cette tâche était une des pires que l'on infligea à des forçats du fait de l'isolement terrifiant (parfois, le canot ravitailleur ou qui amenait la relève ne pouvait accoster des semaines durant), à cause du vacarme incessant de la houle, de l'espace excessivement réduit, de la présence omniprésente des requins, etc. Il y eut de nombreux suicides, bien que la durée théorique d'une garde était limitée à trois mois, séjour souvent doublé voire triplé du fait de l'impossibilité d'accoster. En outre, si les quantités de vivres étaient suffisantes pour tenir aussi longtemps, il était impossible dans ces conditions d'assurer une alimentation équilibrée - d'où des carences alimentaires entraînant béri-béri, scorbut et autres pathologies.
Un séjour à l'Enfant Perdu "réussi" amenait souvent une réduction ou un aménagement significatif de la peine.