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Le bagne de Guyane
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Le bagne de Guyane
  • Un siècle d’échec carcéral. Dès le Second Empire, la Guyane fut choisie comme terre d’expiation. Au total, environ 80.000 transportés, relégués, déportés y furent expédiés sans profit pour la colonie. Histoire, géographie, vie quotidienne au bagne
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1 avril 2013

Le phare de l'Enfant Perdu.

Une autre réalisation du bagne, sous le Gouvernement de Tardy de Montravel

Il est très malaisé d'accéder à la rade de Cayenne, du fait des "battures" (lignes de brisants), des innombrables bancs de vase dans lesquels les bateaux de toute taille s'échouent sans recours et des divers îlets. La construction d'un phare était donc indispensable,et une corvée de forçats s'y attela dans des conditions terrifiantes : la mer est presque toujours démontée, et l'accostage sur ce récif des plus aléatoires. Il fallut deux années pour venir à bout de ce chantier.

enfant perdu

phare_enfantperduLe phare fut ensuite tenu par des équipes composées de deux ou trois transportés, souvent des condamnés à mort grâciés. En effet, cette tâche était une des pires que l'on infligea à des forçats du fait de l'isolement terrifiant (parfois, le canot ravitailleur ou qui amenait la relève ne pouvait accoster des semaines durant), à cause du vacarme incessant de la houle, de l'espace excessivement réduit, de la présence omniprésente des requins, etc. Il y eut de nombreux suicides, bien que la durée théorique d'une garde était limitée à trois mois, séjour souvent doublé voire triplé du fait de l'impossibilité d'accoster. En outre, si les quantités de vivres étaient suffisantes pour tenir aussi longtemps,  il était impossible dans ces conditions d'assurer une alimentation équilibrée - d'où des carences alimentaires entraînant béri-béri, scorbut et autres pathologies.

Un séjour à l'Enfant Perdu "réussi" amenait souvent une réduction ou un aménagement significatif de la peine.

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Commentaires
B
(benjamin) J'ai cherché et je n'ai pas trouvé une étymologie précise donc je ne peux que supputer... C'est un récif surgi de nulle part, complètement isolé... Comme dans toute la région les appellations sont toutes imagées (îlets "le Père, la Mère, les Mamelles") on peut imaginer que le nom était donné pour mettre en évidence la position très excentrée de ce seul récif (c'est assez rare en pleine mer là où les profondeurs sont déjà conséquentes: en général ils sont en bancs)
A
Sait-on l'origine du nom "phare de l'enfant perdu", si poétique en soi et d'autant plus émouvante dans le contexte que vous décrivez ?
M
Ne vous y trompez pas : je suis tout à fait d'accord avec vous ! <br /> <br /> La vie de nos anciens était une vie de travail éreintante, bien loin des 35 h, et ils avaient bien peu de raisons de se réjouir <br /> <br /> C'est peut-être pour cela que leur joie explosait pour de petits bonheurs grappillés ...<br /> <br /> . <br /> <br /> Mais, nous ne contenterions sans doute plus de cette vie toute axée sur le travail <br /> <br /> Je n'ai compris que très tard quelle avait été la vie de ma grand-mère...<br /> <br /> .<br /> <br /> Cinq enfants, un petit débit de tabac/journaux, au temps où le tabac était encore vendu en vrac, avec du papier JOB, et du tabac à priser à mettre dans les tabatières <br /> <br /> Un mari toujours pris par la politique, et personne pour l'aider !<br /> <br /> Pourtant, ses trois filles ont fait des études et passé des concours <br /> <br /> .<br /> <br /> Enfant, je l'avais toujours vue, habillée de noir, travailler sans relâche et sans se plaindre . Elle n'avait plus d'enfants à la maison, mais élevait encore un de mes cousins <br /> <br /> Je n'ai jamais vu ma grand-mère danser ou sortir ...<br /> <br /> Un soir, bien plus tard, alors qu'on entendait un violon jouer, elle a laissé échapper <br /> <br /> " Ah [.....], rien que d'entendre un violon, mes pieds se soulèvent tout seuls "<br /> <br /> Un petit détail ? C'était bien plus que ça ! <br /> <br /> J'ai réalisé en une seconde, quelle vie de sacrifices avait été la sienne ! <br /> <br /> - <br /> <br /> Mais la plupart des hommes n'avaient pas une vie plus enviable<br /> <br /> Certains partaient souvent sur des chantiers peu sécurisés, des mois entiers .<br /> <br /> Vous avez fait remonter des souvenirs ...Si je suis trop HS, zappez !
B
(benjamin) Rien n'interdit, dans les commentaires, de l'ébaucher, cette analyse! Cela contribuera à la fortifier...<br /> <br /> Pour le reste, nous revenons à un débat sur un tout autre sujet qui m'avait hérissé... "Désormais, on n'a plus le temps de"... comme si nos arrière grands parents avaient plus de loisirs et plus de moyens d'en profiter que nous!
M
Tout vient à point à qui sait attendre ^^ <br /> <br /> Je vais donc attendre l'analyse ...<br /> <br /> Merci de susciter des questions, et excusez mon impatience ! <br /> <br /> -<br /> <br /> Mais tout à fait d'accord, la vie de nos arrière-grands-parents avait tout de la galère et même au début du XX° siècle, les grands travaux ne se faisaient pas sans risques <br /> <br /> La chute, l'épuisement, la mort en faisaient partie
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