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Le bagne de Guyane
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Le bagne de Guyane
  • Un siècle d’échec carcéral. Dès le Second Empire, la Guyane fut choisie comme terre d’expiation. Au total, environ 80.000 transportés, relégués, déportés y furent expédiés sans profit pour la colonie. Histoire, géographie, vie quotidienne au bagne
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L'affaire Seznec : l'acte d'accusation.

139-Seznec_encadre_par_gendarmes_bis_0[ci-contre: Seznec se rend à son procès] Que cet acte d'accusation soit convainquant ou non, chacun se fera son opinion (en tentant de laisser la raison dominer l'émotion)

Mais prétendre qu'il était "vide" est plus qu'abusif. Ce genre de propos desservent ceux qui les tiennent et affaiblissent leur position et d'ailleurs ces derniers s'bstiennent soigneusement de le citer en intégralité, usant du procédé bien connu du tronquage assorti de commentaires subjectifs

Voici le texte, in extenso.

 

Pour guider le lecteur dans la connaissance de cette affaire complexe, nous avons surligné des passages de ce texte qui seront l’objet des principales discussions.

 

Le 25 mai 1923, QUEMENEUR, propriétaire et négociant en bois à Landerneau, conseiller général du département du Finistère, pour le canton de Sizun, quittait de grand matin Rennes à destination de Paris, en compagnie de l’accusé SEZNEC, négociant en bois comme lui, et propriétaire d’une scierie mécanique à Morlaix.

Tous deux se connaissaient et étaient en relations d’affaires depuis plusieurs années et Seznec avait su capter la confiance de Quémeneur. Ils avaient pris rendez-vous à Rennes même, la veille au soir, et ils entreprenaient leur voyage dans une puissante automobile de 50 ou 60 chevaux, à six places, de provenance américaine et de marque Cadillac, qui avait appartenu jadis à Seznec et que celui-ci avait cédée à Quémeneur en paiement de sommes qu’il lui devait. En quittant Landerneau d’où il était venu seul en chemin de fer, le 24 mai, Quémeneur avait annoncé aux siens son retour à bref délai et pour le 28 mai au plus tard. Il n’avait pris aucune disposition en vue d’une longue absence, et à sa soeur qui dirige son ménage, car il est célibataire, il n’avait laissé que les quelques cents francs nécessaires à ses dépenses, pendant les trois ou quatre jours que devait durer son séjour à Paris.

Il avait dit, sans en avoir donné cependant aucun détail précis, qu’il s’y rendait pour les besoins d’une affaire d’achat et de revente d’automobiles d’occasion que Seznec lui avait proposée, et on savait que pour faire face aux frais de cette spéculation, il avait essayé, le 22 mai, de se procurer à la Société Bretonne de Crédit et de Dépôts à Brest, un crédit de CENT MILLE francs. Il n’en avait obtenu qu’une avance de DIX MILLE francs qui lui fut faite en billets de banque, et il ne l’avait pas considérée comme suffisante, car le même jour, il s’était mis en communication téléphonique avec son beau-frère, M. Pouliquen, notaire à Pont-l’Abbé, pour obtenir la promesse d’un prêt de SOIXANTE MILLE francs. Il avait été convenu entre eux que cette somme lui serait adressée à Paris, en un chèque, sur la Banque de France, à une date et en un endroit qu’il se réservait de désigner ultérieurement.

On savait aussi que de Rennes, le 24 mai, à 21 heures, après sa rencontre avec Seznec et manifestement à la suite de ses entretiens avec lui, il avait télégraphié à Me Pouliquen pour le prier d’établir ce chèque, non pas sur la Banque de France comme il avait été précédemment convenu, mais sur la Société Générale, de le barrer et de l’expédier d’urgence à Paris, poste restante, au Bureau n° 3.

Le 28 mai, Seznec rentrait seul à Morlaix, dans son automobile, et comme les jours suivants les parents de Quémeneur, inquiets de ne pas le voir revenir et ne recevant aucune lettre de lui, s’enquéraient de son sort, Seznec coupait court à leurs questions en leur disant que Quémeneur "faisait des affaires à Paris, peut-être même en Amérique" et que, en tous cas, "il était en train de gagner de l’argent". Il ajoutait que, personnellement, il était comme eux, sans nouvelles, mais que, ayant eu récemment l’occasion de retourner à Paris, il avait appris que Quémeneur n’avait été vu, ni à l’Hôtel de Normandie, près de la gare Saint-Lazare où il avait cependant l’intention de descendre, ni chez un sieur Ackermann, sujet américain, demeurant rue de l’Asile Popincourt. Tout ce qu’il pouvait dire de précis, c’est que dans la soirée du 25 mai, Quémeneur, pressé d’arriver à Paris où il avait pris rendez-vous, dès le lendemain matin, pour l’affaire d’automobiles, et craignant que la Cadillac, qui avait eu de nombreuses pannes en route, ne l’y conduisit pas en temps utile, l’avait quitté lors de son passage à Dreux, devant la gare, pour achever le trajet en chemin de fer. Lui-même, abandonnant l’idée de pousser jusqu’à Paris, avait alors rebroussé chemin et avait repris la direction de Morlaix sans plus s’occuper, ni de son compagnon, ni de l’objet de leur voyage.

On lui demanda de dire la nature de l’affaire d’automobiles à laquelle Quémeneur s’intéressait. Il déclara qu’il s’agissait d’acheter et de réunir des camions et des voitures de marques américaines pour les revendre, à gros bénéfices, au Gouvernement Russe par l’intermédiaire d’un sujet américain qu’il n’avait jamais vu et dont il connaissait seulement le nom, Chardy ou Scherdy, et l’adresse approximative : 16 ou 26, Boulevard Malesherbes, à Paris.

Ce n’était pas lui, d’ailleurs, disait-il, qui avait indiqué l’affaire à Quémeneur, mais bien celui-ci qui en avait eu connaissance le premier et qui avait tenu à l’y associer, car il avait besoin de son concours pour les opérations à entreprendre. Soucieux, en effet, par raison de convenance politique, de ne pas recevoir directement des lettres du prétendu Scherdy, il désirait correspondre et avait effectivement correspondu avec celui-ci sous son couvert.

La Cadillac, avec laquelle tous deux avaient entrepris leur voyage du 25 mai, devait être la première voiture à livrer, et ainsi s’expliquait son choix pour se rendre de Morlaix à Paris. Ce récit embarrassé, incertain, souvent contradictoire, en tout cas fort peu vraisemblable, trouva peu de crédit près des parents de Quémeneur qui, le 10 juin suivant, mirent la police mobile de Rennes au courant des faits.

Peu après, Mademoiselle Quémeneur reçut un télégramme, émis au Havre le 13 juin, à 10 h 35, sous la signature de son frère disparu, qui lui annonçait que "tout allait pour le mieux" et qu’il ne rentrerait à Landerneau que dans quelques jours. Mais, à la réflexion, ce télégramme parut étrange, car il ne donnait aucun détail, ni sur le motif imprévu qui avait conduit Quémeneur au Havre, ni sur l’emploi de son temps depuis son départ. Aucune lettre n’étant venue le confirmer, la Sûreté Générale fut saisie et une enquête commencée.

Les dires de Seznec furent contrôlés. On les reconnut, non seulement inexacts, mais encore mensongers, et tout ce que l’on apprit fit naître la conviction que la disparition de Quémeneur était le résultat d’un crime et que nul autre que lui n’en pouvait être l’auteur. Il fut donc arrêté le 30 juin 1923.

Les dénégations qui ont été la base de tout son système de défense, n’ont pas prévalu contre cette certitude acquise dès la première heure, et quoique le cadavre de Quémeneur n’ait jamais été retrouvé, et que l’on ne puisse dire ni comment il a donné la mort à sa victime, ni comment il a fait disparaître son corps, l’information n’en a pas moins apporté, avec éclat, la preuve de sa culpabilité.

- 1°. Seznec a prétendu que Quémeneur et lui se sont rendus à Paris pour s’y occuper de la vente d’automobiles américaines au Gouvernement russe par l’intermédiaire de l’individu qu’il désigne sous le nom de Chardy ou Scherdy. Or, nulle trace de correspondance relative à cette affaire n’a été retrouvée chez Quémeneur, et pourtant la spéculation entreprise eut été assez importante pour qu’il fut tenté d’en noter tous les détails et d’en enregistrer tous les pourparlers.

Nulle trace n’a été retrouvée à Paris du prétendu Charly ou Scherdy, qui apparaît comme une pure création de l’imagination de Seznec. D’autre part, ce que Quémeneur a dit de ses négociations soit à ses parents, soit aux personnes près de qui il chercha à se procurer les fonds qu’il y voulait engager, permet de croire que c’est Seznec qui l’avait décidé à les entreprendre.

Il est dès lors significatif de constater que Seznec est incapable de donner de cette spéculation aucun détail qui permette de savoir comment et par qui elle devait être traitée. Il est encore plus remarquable de voir que, revenu le 28 à Morlaix, il n’ait pas tenté de se mettre en correspondance avec Quémeneur ou avec Scherdy pour savoir le résultat des entrevues auxquelles il devait assister et qui avaient dû se poursuivre sans lui.

- 2°. Il est établi que Seznec a encore déguisé la vérité quand il dit que Quémeneur l’a quitté en cours de route le 25 mai pour prendre à Dreux le train à destination de Paris. Conduit sur place, il a dû reconnaître que les indications qu’il donnait étaient inadmissibles et l’évidence du démenti que la seule inspection des lieux lui infligeait était telle qu’il a dû s’incliner et que force lui a même été faite de renoncer à un moyen de justification qu’il avait cru habile de se ménager à l’avance.

Il sera dit plus loin comment, après la disparition de Quémeneur, Seznec conserva la valise dont celui-ci s’était muni à son départ de Landerneau et comment cette valise fut découverte le 20 juin, à la gare du Havre. Au nombre des objets qu’on y a retrouvés, figure un carnet de poche sur lequel Quémeneur avait l’habitude d’inscrire diverses annotations relatives à ses affaires. Et aux lignes 5 et 7 du feuillet 46, parmi des mentions de déboursés prétendument faits au cours de son voyage avec Seznec, on y lit celles de deux dépenses : l’une de 11 fr. 40, l’autre de 31 fr. 70, pour deux billets de seconde classe de Dreux à Paris, et de Paris au Havre.

Or, ces dépenses ne concordent pas avec le prix réel de ces billets, celui qui est imprimé sur les tickets et celui qu’aurait dû payer Quémeneur s’il avait fait réellement les deux voyages. Elles ont été calculées d’après le barême kilométrique qui figure en tête de tous les indicateurs de chemins de fer et elles ne font état, ni du timbre quittance de 25 centimes, ni d’une taxe locale de 20 centimes perçue à Dreux, lorsque le montant de ces deux perceptions aurait dû être ajouté à la somme théorique ainsi obtenue.

Il est donc visible que cette double inscription est l’œuvre d’une personne insuffisamment renseignée, qui a voulu faire croire faussement que Quémeneur a parcouru, en chemin de fer, le double trajet de Dreux à Paris et de Paris au Havre. Cette personne n’est autre que Seznec lui-même. Une expertise a apporté la preuve que toutes les mentions inscrites sur le feuillet 46 du carnet de Quémeneur sont de sa main. L’ingénieuse précaution qu’il avait prise pour accréditer le récit de sa séparation de Quémeneur à Dreux se retourne contre lui car elle apporte, avec la pleine valeur d’un aveu, la preuve et de son mensonge et de son souci de le faire accepter.

Il lui a fallu alors improviser une autre explication et il a dit que, en réalité, c’est au delà de Dreux, à Houdan, que Quémeneur l’aurait quitté. Arrivés dans cette ville un peu avant 21 heures, dit-il, ils y dînèrent ensemble à l’Hôtel du Plat d’Etain, puis ils auraient gagné la cour de la gare et Quémeneur, excédé des pannes qui auraient marqué tout le trajet, y serait descendu de voiture devant le café de la gare, vers 21 h 30, pour prendre un train à destination de Paris. Lui-même aurait continué seul son chemin jusqu’à un endroit situé entre le village de la Queue des Yvelines et l’embranchement de la route qui mène à Montfort-l’Amaury ; là, une nouvelle panne à laquelle il n’aurait pas pu remédier dans l’obscurité l’aurait immobilisé le restant de la nuit, et, le lendemain matin, désespérant d’atteindre Paris et d’y faire accepter par Chardy une voiture en aussi mauvais état, il aurait profité d’une latitude que lui aurait laissée Quémeneur, en prenant congé de lui, pour la ramener à Morlaix.

C’est ainsi que, sans encombre, il serait revenu, en deux jours, à son point de départ. Aucune de ces assertions n’a résisté à un examen sérieux. S’il est exact que Quémeneur et lui ont pris leur repas à l’Hôtel du Plat d’Etain, c’est vers 21 h 20 ou 21 h 30, et non pas plus tôt comme il voudrait le faire croire, et c’est vers 22 h 10 et non pas vers 21 h 30 que leur automobile a pénétré dans la gare de Houdan. Cette double précision ressort avec certitude des témoignages concordants du quincaillier Jean Girard qui leur vendit une lanterne arrière, de la dame Godefroy et de la demoiselle Fouquet qui les servirent au Plat d’Etain, du chef de gare Piau et de sa femme, et des facteurs Garnier et Nouvion qui les virent devant la gare et leur parlèrent.

Elle est importante, car à l’heure où, en réalité, l’automobile stoppa dans la cour de la gare, le dernier train de la nuit pour Paris était passé. C’est le train omnibus 1400 qui s’arrête à 21 h 47, et il ne devait plus y en avoir d’autre avant l’express n° 464 qui dessert Houdan, le matin à 3 h 52. La preuve est donc ainsi fournie que Quémeneur ne pouvait pas avoir eu l’idée de quitter Seznec pour gagner Paris en chemin de fer. En réalité, c’est involontairement, et par suite d’une erreur fréquente, paraît-il, et non pas à bon escient, et pour y déposer un voyageur, que l’automobile s’engagea dans la cour de la gare. Les employés rapportent, en effet, que ses occupants, conscients de s’être égarés, leur demandèrent des indications sur la route de Paris, et non pas des renseignements sur les trains allant dans la même direction.

Il n’est pas vrai, non plus, que Quémeneur soit descendu à un moment quelconque de l’automobile. Car c’est sous les yeux mêmes des époux Piau et des employés Nouvion et Garnier que la voiture est repartie avec ses deux voyageurs, une fois cette conversation achevée, et ces quatre témoins attestent qu’elle a dépassé, sans s’y arrêter, le café de la gare devant lequel Seznec prétend que Quémeneur mit pied à terre ; et ils ajoutent que, une fois remise en marche, elle a poursuivi sans interruption sa course vers Paris aussi longtemps qu’ils purent percevoir le bruit de son moteur. Il n’est même pas possible d’envisager l’idée que Quémeneur ait pu descendre à un autre endroit et hors la vue des témoins car nul ne l’a plus aperçu cette nuit à Houdan, ni à la gare où son désir de se renseigner sur l’horaire ou de prendre le plus prochain train aurait dû le ramener aussitôt, ni dans les hôtels où il eût été naturel qu’il cherchât provisoirement asile, s’il voulait attendre l’express de 3 h 52, ni dans les rues où il est inadmissible d’ailleurs qu’il ait erré sans but, dans l’obscurité froide d’une nuit de mai marquée de gelée blanche. Il faut ajouter que Quémeneur, se fût-il séparé de Seznec en envisageant, comme le dit celui-ci, l’éventualité de ne pas le retrouver le lendemain à Paris, il ne lui eut pas laissé sa valise car elle contenait son linge de rechange et les objets nécessaires à sa toilette chaque matin, toutes choses dont il avait manifestement besoin pour une absence qui, si on admet la version que Seznec veut accréditer, devait durer plusieurs jours. Or, quoiqu’en dise l’accusé, cette valise est demeurée dans l’automobile. Le lendemain, la demoiselle Conogan, domestique à l’hôtel Nourrisson, à la Queue-des-Yvelines où Seznec se reposa de 8 heures à 13 heures, avant de reprendre la route de Morlaix, remarqua qu’elle s’y trouvait encore.

Il apparaît ainsi que ce n’est pas à Houdan, à coup sûr, et dans les circonstances rapportées par Seznec que Quémeneur a disparu. Un récit sincère, présenté par l’accusé, pourrait seul dire où et quand s’est placée cette disparition, et comment elle est intervenue. En l’absence de tout aveu de sa part, tout ce que l’on a pu savoir, c’est que le lendemain matin, vers 5 h 30, à 4 ou 5 kilomètres au delà du village de la Queue-des-Yvelines, qui est lui-même à 12 kilom. 500 de Houdan, à 3 ou 400 mètres de l’embranchement qui mène à la gare de Montfort-l’Amaury, il était arrêté, faute d’essence, l’arrière de sa voiture tournée vers Paris, comme s’il venait d’un voyage fait dans la direction de cette ville. Un sieur Schwartz qui conduisait une camionnette automobile, et qui est un des rares témoins dont il ne récuse pas la déposition, lui a alors vendu un bidon de 5 litres d’essence et a constaté qu’il était seul. C’est donc entre l’heure du départ de Houdan et ce moment que le drame s’est déroulé.

 - 3°. Il ressort de l’information avec la même évidence que le télégramme expédié le 13 juin 1923 du Havre, sous le nom de Quémeneur et adressé à la sœur de celui-ci pour lui donner de bonnes nouvelles, est un faux et que Seznec en est l’auteur. Une expertise a établi, avec la dernière évidence, que la minute de ce télégramme a été écrite par Seznec et non par Quémeneur. On n’a d’ailleurs trouvé aucune trace de passage de Quémeneur au Havre le 13 juin. Par contre, on sait que Seznec s’y trouvait ce jour-là. Parti de Morlaix en automobile le 12 juin vers 19 heures, sous le faux prétexte de se rendre à Tréguier où nulle affaire ne l’appelait, il abandonne sa voiture, sans motif, dans un verger appartenant à la veuve Jacob, à Lan-Vian, près de Plouaret, prend à la station de ce bourg le rapide 502 qui y passe à 21 h 57 et se trouve le lendemain dans l’expresse 171, de Paris au Havre, qui passe à la gare de Rouen. A 10 h 50, deux négociants en machines à écrire, MM. De Hainaut et Legrand, qui prennent ce train à Rouen, s’y installent, en effet, dans le même compartiment de seconde classe que lui, et tous trois descendent au Havre. Vers 15 heures, Seznec entre dans la boutique du sieur Chenouard, marchand de machines à écrire, 22, rue de la Bourse, pour y acheter une machine portative d'’ccasion, De Hainaut et Legrand s’y trouvent eux-mêmes et le reconnaissent et, à leur témoignage si décisif s’ajoutent ceux non moins formels de Chenouard et de ses employées, les demoiselles Feuilloley et Héranval. A 16 h 35, il est au bureau central de la poste et remet aux mains du commis Hue, qui croit bien le reconnaître, le télégramme rédigé d’avance sur un imprimé réglementaire.

A 17 heures, muni de la machine à écrire dont il a fait l’emplette chez Chenouard, il reprend l’express n°158 pour Paris et arrive à la gare Saint-Lazare à 20 h 8, traverse la ville et gagne la gare Montparnasse, tout juste à temps pour prendre l’express n°599 qui, à 21 heures, assure le service de Paris à Lannion. Il y voyage jusqu’à Guingamp avec deux habitants de Carhaix, les sieurs Gadois père et fils, qui retrouvent sans hésitation en lui leur compagnon de route et reconnaissent même, dans le paquet dont il était chargé, le colis que formait, emballée, la machine à écrire. Il descend à Plouaret le 14 au matin, à 6 h 43, et entre 7 heures et 7 h 30 reprend son automobile dans le verger de la veuve Jacob pour être à Morlaix vers midi.

Aux témoignages irrécusables par leur nombre et leur concordance qui ont permis de reconstituer cet itinéraire, avec une rigoureuse précision, Seznec n’oppose que d’impuissantes dénégations. Il prétend que le 12 juin, après son arrêt à Lan-Vian où il reconnaît avoir abandonné son automobile, sans en donner d’ailleurs des raisons plausibles, il est allé à Saint-Brieuc chercher des charbons de rechange pour sa magnéto d’allumage. Il y aurait passé la nuit et, le lendemain 13, il se serait rendu à Brest et Saint-Pierre Quilbignon. Le soir du 13, il serait rentré chez lui pour y coucher, et le 14, dans la matinée, il serait allé à bicyclette reprendre son automobile à Plouaret.

Mais toutes les personnes dont il se réclame pour confirmer cet alibi le confondent, et il n’est pas jusqu’à sa femme et jusqu’à sa bonne qui déclarent que du 12 au 14 juin il n’est revenu à aucun moment à son domicile. Pourquoi donc Seznec voulait-il faire croire, par le subterfuge d’un faux télégramme, que Quémeneur, à cette date du 13 juin, était vivant et se trouvait au Havre ? La réponse à cette question se présente d’elle-même quand on se souvient que, dès alors, la famille de Quémeneur s’inquiétait de ne rien savoir de lui et avait fait, près de la police de Rennes, les premières démarches en vue de l’ouverture d’une enquête. Il craignait les recherches, se préoccupait de les retarder en tous cas, les dérouter ; et le choix du moyen auquel il s’arrête démontre à quel point il était alors sûr de la mort de Quémeneur puisqu’il se risquait à un faux que le retour possible de sa victime, si elle eût été encore vivante, aurait suffi à démasquer.

 4°. Il est encore établi que, reprenant et poursuivant cette mise en scène, Seznec retourne au Havre le 20 juin pour s’y débarrasser de la valise de Quémeneur, celle-là même que la demoiselle Conogan avait vue dans la Cadillac lors de son arrêt à la Queue-des-Yvelines, dans la matinée qui suivit le crime. Cette valise, en effet, fut retrouvée dans la soirée du 20 juin, vers 22 h 30, abandonnée sous une banquette de la salle d’attente des troisièmes classes, à la gare du Havre. Et deux témoins, le douanier Lesbats et un employé de commerce du nom de Dubrubruyat, l’ont vue aux mains de Seznec peu de temps auparavant, entre 17 heures et 18 heures, d’abord sur le Cours de la République, en face de la gare, puis à la gare même et dans la salle même où elle fut découverte. Témoignages que confirme ce fait que, le 20 juin, Seznec était absent de Morlaix, sans qu’il ait pu faire connaître où il s’était rendu. La carence de toute explication de sa part est ici telle qu’il a renoncé à invoquer aucun alibi. Est-il utile de dire que la possibilité de la présence de Quémeneur au Havre, ce même jour, ne résulte d’aucune donnée de l’information ?

- 5°. Il est établi enfin que postérieurement à la disparition de Quémeneur, entre le 13 et le 20 juin, Seznec a commis un faux qui serait inconcevable s’il n’avait eu alors la certitude de sa mort, nécessaire pour en assurer le succès.

Au nombre des papiers dont la présence fut constatée dans la valise de Quémeneur, quand elle fut ouverte, figure en effet un exemplaire d’un acte sous-seing privé, en date à Brest du 22 mai 1923, aux termes duquel Quémeneur était censé promettre à Seznec, au prix de 35.000 francs, une importante propriété de 90 hectares dite Traou-Nez, qu’il possède dans les Côtes-du-Nord, sur le territoire de la commune de Plourivo, non loin de Paimpol. Un second exemplaire de cet acte a été, par la suite, trouvé en la possession de Seznec.

Seznec allègue que ce contrat aurait été conclu entre Quémeneur et lui le 22 mai pendant un voyage à Brest qu’ils y firent ensemble en automobile. En cours de route, la conversation serait tombée sur Traou-Nez que Quémeneur voulait vendre et dont il savait Seznec amateur. Ils se seraient mis d’accord, tout en déjeunant à l’Hôtel des Voyageurs, et vers 15 heures à l’Estaminet de l’hôtel. Les signatures auraient été apposées au pied des deux doubles que, dans l’intervalle, Quémeneur aurait préparés ou fait préparer à la machine à écrire, sur deux feuilles de timbre à deux francs. Il ne sait d’ailleurs ni où, ni par qui ils auraient été rédigés. Les preuves les plus décisives ont été fournies que cet acte est un faux. Les mentions  "fait double à Brest le 22 mai 1923"  et la signature  "Quémeneur"  dont chacun de ces exemplaires est revêtu, de même que trois mots manuscrits prendre et l’état ajoutés en interligne sur celui que Seznec avait en sa possession, n’ont pas été écrits par Quémeneur, mais sont de la main de Seznec lui-même : il les a calqués sur un corps d’écriture de Quémeneur qu’il avait en sa possession. Une expertise confiée à trois spécialistes dont l’opinion unanime a été formulée, sans réserve, met ce point hors de conteste. En outre, l’information a établi que la machine à écrire employée pour dactylographier les deux doubles du contrat est précisément celle que Seznec est allé acheter, le 13 juin, chez Chenouard au Havre. A des défauts caractéristiques de sa frappe, en effet, correspondent exactement certaines anomalies constatées sur certaines lettres de leur texte. Cette machine, d’ailleurs, a été retrouvée au domicile de Seznec lors d’une perquisition qui y fut pratiquée. Elle était soigneusement dissimulée dans le réduit d’un grenier, derrière un vieux panneau de bois ayant servi de tableau à la distribution d’électricité, et Seznec n’a pu proposer de sa présence chez lui d’autre explication que l’hypothèse misérable d’une machination de la police acharnée, d’après lui, à le perdre.

L’identité de cette machine avec celle vendue par Chenouard est cependant clairement démontrée. Elle résulte et de sa marque "Royal", type 10, n° X 434.080, caractère "Elite" et d’une réparation dont la trace se voit encore sur le côté gauche du chariot et que Chenouard avait annoncée et décrite dès avant qu’on la lui présentât, et d’un ruban bicolore dans lequel Chenouard a reconnu celui-là même qu’il y avait adapté sur le désir express de Seznec, et de la présence, à l’endroit de la trouvaille, du papier d’emballage dont elle avait été enveloppée et qui est précisément celui en usage dans le magasin de Chenouard.

D’autre part, on a constaté que les deux feuilles de papier timbré sur lesquels l’acte a été dressé proviennent d’un bureau de tabac de Morlaix, celui-là précisément où Seznec a acheté celles dont il avait l’occasion de se servir, alors qu’on se serait attendu, d’après la version qu’il a donnée des conditions dans lesquelles l’accord se serait établi à l’improviste entre Quémeneur et lui, à le voir rédigé sur des feuilles achetées inopinément à Brest.

Ce contrat, envisagé en lui-même, est d’une invraisemblance criante. Car on sait que, dans les jours mêmes où Quémeneur y aurait donné son consentement, il entretenait une correspondance avec deux acquéreurs possibles, M. Hue, de Saint-Pol-de-Léon, et M. Verlingue, de Quimper, qui, s’ils n’avaient pris aucun engagement avec lui, paraissaient au moins disposés à entrer en pourparlers sur la base d’un prix supérieur à 100.000 francs. Comment admettre surtout qu’il ait consenti à conclure avec celui-ci, moyennant 35.000 francs seulement ? Seznec prétend, il est vrai, faire croire qu’il fut acheteur à 100.000 francs car, pendant le trajet de retour de Brest à Landerneau, et dans l’automobile même, il aurait remis de la main à la main à Quémeneur une somme de 4040 dollars, en pièces d’or, qui représentaient, au cours du jour, une valeur d’environ 65.000 francs et complétaient donc, à cette somme, son prix d’achat.

Mais, l’existence de ces dollars est problématique, personne n’en a jamais vus en si grande quantité entre les mains de Seznec et, s’ils les avaient eus depuis 1919, comme il le soutient, on conçoit mal qu’il les ait gardés si longtemps sans chercher à en tirer profit. Les occasions les plus pressantes de les employer ne lui avaient cependant pas fait défaut. N’avait-il pas dû emprunter, le 15 octobre 1922, à Quémeneur lui-même, 15.000 francs pour éviter des poursuites judiciaires ? Et n’était-il pas, à la fin du mois de mai, sous le coup d’une saisie mobilière à la requête d’un sieur Caillet, électricien à Paris, et pour une somme de 15.000 francs, outre les intérêts de cette somme et les frais du jugement du Tribunal de Commerce de Morlaix, du 3 mars 1923, qui l’avait condamné ? Il est d’ailleurs avéré que, en partant de Morlaix le 22 mai pour prendre Quémeneur à Landerneau et l’accompagner à Brest en automobile, Seznec n’a pas emporté le lourd et volumineux paquet que représentent 4.040 dollars en pièces d’or ; et, d’autre part, les témoignages recueillis prouvent que Quémeneur n’était pas nanti d’un tel paquet en revenant chez lui.

Si on ajoute que dans aucun papier de Quémeneur ne sont consignés ni l’encaissement de ce capital important, ni la vente de Traou-Nez, et qu’il ne fit part à personne de son entourage de cette double opération, pourtant bien digne d’être signalée, on est autorisé à conclure qu’ici, encore, Seznec se voit réduit à demander à son imagination des justifications que la vérité lui refuse, et l’on trouve, dans le faux qu’il a commis, une preuve de plus de sa culpabilité. Se fut-il hasardé à le fabriquer, s’il eût craint que Quémeneur encore vivant pût en dénoncer la supercherie ? Seznec, dont la situation obérée n’était un mystère pour personne et qui allait avoir ses meubles saisis, trouvait à son crime un profit important : la propriété de Traou-Nez qu’il convoitait vivement, les sommes d’argent emportées par Quémeneur, et le montant du chèque de 60.000 francs adressé par Pouliquen à celui-ci. Car il est à noter que Quémeneur avait, dans sa première communication avec son beau-frère, spécifié que ce chèque serait tiré sur la Banque de France et qu’il serait envoyé à une adresse qu’il ne ferait connaître qu’après son arrivée à Paris, et que c’est de Rennes, qu’aussitôt après avoir conversé avec Seznec qui l’y avait rejoint, qu’il télégraphia à son beau-frère de tirer le chèque sur la Société Générale et de le lui envoyer d’urgence à l’adresse précise du bureau de poste du Boulevard Malesherbes. Or, précisément par deux fois dans l’après-midi du 2 juin, un inconnu se présente à ce bureau pour retirer le pli qui le contenait, en se donnant comme Quémeneur. Un hasard heureux voulut que le commis Bègue, alors de service, répondit à tort que ce pli n’était pas arrivé, et le chèque demeuré en instance ne fut jamais encaissé. Sans doute aucun témoignage ne permet d’affirmer que Seznec soit l’inconnu en question, mais quel autre que lui savait que le chèque avait été acheminé vers le bureau n° 3, puisque le télégramme qui avait assigné à Pouliquen ce lieu d’envoi avait été conçu, rédigé et expédié en sa seule présence. Et comment ne pas s’étonner que l’immeuble où ce bureau est installé, et qui porte le n° 6 du Boulevard Malesherbes, soit justement l’un de ceux où Seznec prétendra par la suite que le prétendu Chardy demeure ? Seznec était justement à Paris le 2 juin, et ce fait le gêne tellement qu’il a cherché à placer un autre jour le voyage qu’il y fit. Réduit pourtant à confesser la vérité, il n’a pu donner de son déplacement des motifs si futiles que, à l’heure actuelle, on en est encore à se demander pourquoi il s’en est imposé les frais.

Si le mobile du crime apparaît clairement, par contre, ses conditions d’exécution n’ont pu être précisées en l’absence d’un aveu ou d’un témoignage direct.

Cependant, certaines constatations matérielles sont à retenir : du sang humain, de larges taches maculées de boue, maculaient la valise de Quémeneur pourtant indemne de toute souillure au départ de Landerneau quand on l’a retrouvée au Havre. Les traces d’humidité relevées sur elle et son contenu révèlent qu’un lavage a eu lieu en vue de les faire disparaître. Du sang encore tout frais souillait un bidon vide d’essence que Seznec abandonna à la Queue-des-Yvelines, le 26 mai au matin, chez le mécanicien Coulomb, en échange d’un bidon plein, dans les circonstances qui seront rapportées plus loin. Certains vêtements que Seznec avait au cours du voyage n’ont pu être retrouvés : la doublure d’un de ses pardessus a été lacérée, une tache de sang a été relevée sur le collet… Le cric de l’automobile a été perdu, dit Seznec, au cours du voyage tragique, par suite des circonstances dont il ne peut pas se rendre compte, mais, de son aveu, à peu près dans les heures et sur le parcours où est intervenue la disparition de Quémeneur. L’idée s’impose que cet outil, qui devait peser 15 kilos au moins, étant donné le poids de la voiture, a servi à perpétrer le crime, du moins à assurer la suppression du cadavre. Le trouble de Seznec a été visible quand on l’a pressé de s’expliquer sur ce détail et qu’il n’a pu le faire de façon satisfaisante. Enfin, ce n’est pas sans étonnement que l’on note la consommation anormale d’essence faite par Seznec au cours du 25 au 26 mai. Pourvu d’une provision suffisante pour gagner Paris, puisque ni à Dreux, ni à Houdan, il ne se préoccupa de la renouveler, il se trouvait le 25, vers 5 h 30, arrêté, faute de carburant, à proximité de la gare de Montfort-l’Amaury, à 50 kilomètres cependant de Paris ; et force lui fut, pour regagner le village de la Queue-des-Yvelines, de se procurer un bidon de 5 litres près du sieur Schwartz dont la camionnette, on s’en souvient, le croisa à cet endroit. A la Queue-des-Yvelines, il dut faire garnir le réservoir de son moteur de 50 litres par le mécanicien Coulomb qui eut l’impression que ce réservoir, dont la capacité est de 75 litres, était ellement vidé que cet approvisionnement ne suffisait pas à le remplir. Et, circonstance qui atteste qu’il n’avait aucune réserve, il acheta, en outre, pour l’emporter plein, un bidon de 5 litres, celui-là même en échange duquel il abandonna un bidon vide taché de sang. Il résulte de là que, entre le moment où il quitte Houdan, le 25 vers 22 h 15, et celui où Schwartz le trouve à une quinzaine de kilomètres de là le 26 vers 5 h 30, il a fait parcourir à sa voiture une randonnée sur laquelle il ne veut pas s’expliquer et qui correspond au moins à la distance qu’il lui restait à franchir pour arriver à Paris ; et on est amené à se demander si ce trajet mystérieux n’avait pas pour but de lui permettre de se débarrasser du cadavre de Quémeneur.

Pour combattre le faisceau des charges réunies contre lui, Seznec fait état de la déposition de quatre personnes : MM. Ler Berre, facteur-chef au réseau de l’Etat; Lejat, imprimeur à Morlaix, Danguy des Déserts, notaire à Landerneau, et Le Her, receveur des tramways à Paris, qui prétendent avoir rencontré Quémeneur, soit à Paris, soit à Rennes, le 26 mai et peut-être le 29 mai, en tous cas au moment fixé pour sa disparition.

Aucune importance ne peut être attachée aux trois premières dépositions, car leurs auteurs ont loyalement spécifié que, n’ayant pas causé avec la personne qu’ils ont prise pour Quémeneur, ils ne sont pas certains de l’avoir exactement identifiée, et ils ont tenu à réserver expressément la possibilité d’une erreur de leur part.

Très catégorique, au contraire, a été la déclaration de Le Her qui affirme formellement que, à Paris, le 26 mai vers 18 h 30, il s’est trouvé en présence de Quémeneur dans la voiture du tramway Auteuil-Hôtel de Ville, dont il assurait le service, et qu’il a entamé avec lui une conversation d’un quart d’heure environ. Mais, outre que Le Her n’est pas un témoin dont la sincérité habituelle soit au-dessus de tout reproche, il faut souligner que son assertion n’a pris, dans sa bouche, la forme si précise dont il l’a revêtue en définitive, que plusieurs mois après l’avoir produite une première fois en termes autrement confus. Pour arriver à lui donner sa physionomie finale, empreinte de tant d’assurance, un long et laborieux travail de reconstitution mentale lui a été nécessaire, et la probabilité d’une erreur, même si elle était sincère, n’en serait pas exclue.

Un tel dire, émanant d’une telle personnalité, et sujet à tant de réserves, ne pourrait être pris au sérieux que si quelque autre preuve, indice matériel ou témoignage humain, venait le valider. Or, non seulement rien n’a été découvert qui, en apparence, ait pu le confirmer, mais, au contraire, toutes les données recueillies au cours d’une information qui n’a été longue que parce qu’elle a été patiente et scrupuleuse, ont contribué à le révoquer légitimement en doute. Et s’il n’est pas osé de dire aujourd’hui que, en admettant même que Le Her apporte un témoignage fidèle quand il relate sa rencontre avec Quémeneur en tramway, il se trouve certainement dans l’erreur quand il date cette rencontre du 26 mai, il n’est pas sans intérêt d’ajouter à ce propos que, au cours de sa détention, Seznec a essayé de faire parvenir à sa femme des lettres clandestines pour lui demander de susciter de faux témoignages en sa faveur, et que des démarches suspectes ont été faites en ce sens près de certaines personnes dont l’honnêteté ne s’est prêtée à aucune complaisance.

Les renseignements recueillis sur Seznec sont peu élogieux. Il est originaire de l’arrondissement de Châteaulin et a vécu successivement à Plomodiern, lieu de sa naissance où il a tenu un débit de boissons auquel étaient annexés une épicerie et un atelier de réparations de bicyclettes ; à Brest, où pendant la guerre il exploita une blanchisserie ; enfin, à Morlaix, où il avait acquis en 1919 une scierie mécanique. En effet, il s’occupait de toutes espèces d’affaires, et tout négoce lui était bon. Il y apportait un esprit retors et sans scrupule, et sa réputation commerciale était mauvaise.

Il n’a encouru aucune condamnation quoiqu’il ait été impliqué à plusieurs reprises dans des affaires de vol. Un incendie qui a détruit, en partie, au mois de juillet 1921, sa blanchisserie de Saint-Pierre Quilbignon, a éclaté dans des conditions si suspectes qu’on a pensé, sans preuves décisives d’ailleurs, qu’il n’y était peut-être pas étranger.

Il est marié et père de quatre jeunes enfants.

 

Source: http://www.piste-de-lormaye.com

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